Rédigé par William Crooks

Initiative de journalisme local

Un rapport récemment publié par l’Institut de la statistique du Québec révèle une tendance préoccupante : une forte augmentation des problèmes de santé mentale chez les élèves du secondaire au cours de la dernière décennie. Ce document, qui s’appuie sur les données de plus de 70 000 étudiants des écoles francophones et anglophones du Québec, met en évidence des hausses alarmantes de l’anxiété, de la dépression et d’autres troubles—des problématiques que des experts comme le Dr Tina Montreuil jugent nécessiter une attention urgente.

Le Dr Montreuil, professeure associée en psychologie éducative et en conseil à l’Université McGill, a évoqué ces résultats lors d’une récente entrevue. « Ce rapport offre un aperçu de l’évolution de la santé mentale des adolescents au cours des dix dernières années », a-t-elle souligné. Bien que certains troubles comme les troubles du déficit de l’attention soient présents depuis longtemps, de nouveaux phénomènes, tel que l’éco-anxiété, se sont révélés comme des préoccupations majeures.

Des statistiques alarmantes sur la santé mentale des jeunes

Le rapport dresse un tableau sombre : les troubles d’anxiété diagnostiqués professionnellement ont augmenté de 9 % en 2010-2011 à 20 % en 2022-2023. La dépression a également progressé, passant de 4,9 % à 7 %, tandis que les troubles alimentaires ont connu une augmentation marquée, passant de 1,8 % à 5 %. Les troubles du déficit de l’attention touchent maintenant un impressionnant 25 % des étudiants, contre 13 % en 2010.

Les données révèlent également des disparités entre les sexes. Les filles sont particulièrement touchées par l’anxiété (8 % prennent des médicaments contre 3,8 % des garçons), la dépression et l’éco-anxiété, un nouvel indicateur qui mesure le stress lié aux préoccupations environnementales. La baisse de l’estime de soi est également plus marquée chez les filles, chutant de 15 % en 2010 à seulement 7 % en 2023. Pour les garçons, la baisse était moins importante mais significative, passant de 24 % à 16 % durant la même période.

Le Dr Montreuil a souligné que « l’éco-anxiété reflète notre prise de conscience croissante du changement climatique et du stress qu’il engendre, surtout chez les jeunes générations qui se sentent peu en contrôle de la situation ».

Les facteurs sous-jacents à ces chiffres

Bien que la pandémie soit souvent pointée du doigt pour expliquer la montée des problèmes de santé mentale, le Dr Montreuil soutient qu’elle n’est pas la seule responsable. « Fait intéressant, la hausse la plus marquée des problèmes a eu lieu avant la pandémie », a-t-elle expliqué. « Pendant la pandémie, il y a eu une sensibilisation et une discussion accrues autour de la santé mentale, ce qui a peut-être temporairement ralenti la tendance à la hausse. Les parents étaient plus présents, et les ressources disponibles ont augmenté. »

Le Dr Montreuil a insisté sur le fait qu’une sensibilisation accrue et de meilleures méthodes de diagnostic contribuent aussi aux chiffres en hausse. « Nous sommes plus attentifs à ce à quoi ressemble l’anxiété, ce qui entraîne plus de diagnostics », a-t-elle déclaré. « Mais il ne fait aucun doute que des facteurs sociétaux, tels que les réseaux sociaux, jouent un rôle. Des plateformes comme TikTok et Instagram amplifient la comparaison sociale, contribuant à une faible estime de soi et même aux troubles alimentaires. »

Points à retenir

Ce rapport met en lumière une crise de santé mentale en pleine expansion parmi les adolescents du Québec, avec des taux de troubles anxieux et dépressifs alarmants. Ces chiffres révèlent non seulement des problématiques persistantes, mais aussi de nouvelles inquiétudes comme l’éco-anxiété, affectant particulièrement les jeunes. Il est crucial d’examiner les diverses causes sous-jacentes, notamment l’impact des réseaux sociaux sur l’estime de soi. Les efforts pour améliorer la sensibilisation et l’accès à des ressources de soutien devront se multiplier afin de répondre aux besoins variés de cette génération. Une collaboration entre les familles, les écoles et les professionnels de la santé sera essentielle pour construire un environnement protecteur et proactif face à cette crise latente.



  • Source image(s) : www.sherbrookerecord.com
  • Source : https://www.sherbrookerecord.com/mental-health-struggles-surge-among-quebecs-teens/

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