ST. JOHN’S, T.-N.-L. — Un dirigeant d’aéroport au Labrador espère qu’un nouvel accord énergétique avec le Québec pourrait contribuer à attirer une compagnie aérienne concurrente dans cette région nordique, où les tarifs aériens ont augmenté à un rythme plus de trois fois supérieur à la moyenne nationale.

Cependant, même si une nouvelle compagnie aérienne se décide à opérer dans le Labrador, Rex Goudie, directeur général de la Goose Bay Airport Corporation, estime qu’il faudra encore des efforts et des actions gouvernementales pour rendre les prix des billets d’avion plus abordables.

« Je ne pense pas qu’il existe une solution unique », a déclaré Goudie lors d’une récente interview.

« En particulier pour les régions nordiques, comme ici au Labrador, où l’accès est si difficile, le transport aérien n’est pas un luxe, mais un service essentiel », a-t-il ajouté. « On pourrait donc s’attendre à ce que des programmes ou des politiques soient mis en place en conséquence. »

Les tarifs aériens au Labrador ont augmenté de 33 % depuis 2019, tandis que l’ensemble du Canada n’a connu qu’une hausse de 9 %, selon un rapport d’octobre commandé par la Goose Bay Airport Corporation. Un vol retour de Nain, au nord du Labrador, à la capitale provinciale, St. John’s, coûte près de 2 500 $.

La partie sud du Labrador est desservie exclusivement par PAL Airlines, tandis qu’Air Borealis, qui est un partenaire de PAL, est la seule compagnie offrant des vols dans le nord du Labrador.

Plus tôt ce mois-ci, le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador ont signé un accord de principe pour construire de nouvelles installations hydroélectriques le long de la rivière Churchill au Labrador, ce qui pourrait engendrer des milliers d’emplois dans la région. Si ce projet se concrétise, cela pourrait inciter une compagnie concurrente à s’installer au Labrador pour répondre aux besoins potentiels d’un grand nombre de travailleurs temporaires en quête de vols, a déclaré Goudie.

Avec son équipe, il examine les opportunités de marché qui pourraient intéresser les compagnies aériennes, mais cela représente un « équilibre délicat », précise-t-il : « Si nous recherchons de nouveaux entrants, nous ne voulons pas nuire à nos autres transporteurs existants. »

En attendant, la ministre des Affaires labradoriennes, Lisa Dempster, a indiqué avoir rencontré en octobre le Bureau de la concurrence, l’organisme fédéral chargé de surveiller les pratiques commerciales, au sujet des prix des vols dans la région. Son ministère a également soumis un mémoire à l’étude en cours du bureau concernant la concurrence dans l’industrie aérienne canadienne.

« Nous avons un transporteur aérien qui détient actuellement un monopole au Labrador, ce qui n’est jamais bon pour le consommateur », a-t-elle affirmé.

Dempster et Goudie ont également fourni des contributions au comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités, qui examine la Loi sur la concurrence et le transport aérien dans les régions nordiques, rurales et éloignées du Canada.

Goudie a déclaré que son groupe avait demandé au gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador d’envisager de mettre en place un programme similaire à celui du Québec, qui autorise les voyages aériens entre des régions plus petites et isolées et des centres provinciaux plus grands pour 500 $ aller-retour, sous certaines conditions.

Des documents obtenus par le biais d’une demande d’accès à l’information montrent qu’une note d’information sur le programme du Québec a été préparée pour Dempster en mai. Son ministère a eu des « conversations » au sujet d’un programme pilote, avec des « paramètres » à établir pour voir comment cela pourrait se passer, a-t-elle expliqué lundi.

Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a un accord avec WestJet pour soutenir des vols directs entre l’Europe et St. John’s. Selon le site internet de la compagnie, un billet aller-retour pour certaines dates en mai s’élevait à environ 600 $.

« Les vols vers l’Europe sont frustrants pour quelqu’un comme moi, qui représente le Labrador », a reconnu Dempster. Interrogée sur la possibilité d’un accord similaire avec PAL, elle a précisé que l’accord avec WestJet n’est pas un subside direct, mais un contrat de « revenus garantis » pour la compagnie.

« C’est un peu difficile d’aller subventionner une compagnie aérienne privée qui réalise déjà des bénéfices », a-t-elle fait remarquer, en évoquant PAL.

Dempster a ajouté que les départements fédéraux pourraient aider en diminuant des coûts tels que les frais d’atterrissage. Elle est d’avis, tout comme Goudie, que l’accord énergétique imminent avec le Québec pourrait favoriser une concurrence accrue.

« Je crois vraiment qu’une approche globale de tous les niveaux de gouvernement est nécessaire pour traiter cette question dès maintenant », a-t-elle conclu.

Le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador espèrent formaliser leur accord d’ici 2026. Un rapport final de l’étude du Bureau de la concurrence sur la compétition dans le secteur aérien est attendu d’ici le 30 juin 2025.

Points à retenir

Le présent article met en lumière l’importance cruciale de l’amélioration de la connectivité aérienne au Labrador, qui souffre d’un coût de vol exorbitant par rapport à la moyenne canadienne. Malgré l’éventualité de l’arrivée d’une nouvelle compagnie aérienne suite à un accord énergétique avec le Québec, il semble que des efforts supplémentaires soient nécessaires pour assurer des tarifs plus accessibles. Ce point soulève la question d’un encadrement adéquat des pratiques commerciales dans le secteur aérien, en particulier dans les régions éloignées. Une coopération intergouvernementale pourrait se révéler déterminante pour offrir une solution durable et équitable pour les résidents du Labrador. Il est impératif que les gouvernements prennent en compte la spécificité des besoins des citoyens de ces régions lors de l’élaboration de politiques adéquates.



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  • Source : https://www.thealbertan.com/newfoundland-labrador-news/labradorians-pay-thousands-to-fly-to-newfoundland-could-a-quebec-energy-deal-help-10016818

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