Accord historique entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador pour l’énergie hydroélectrique
Au fil des années, le Québec a tiré profit d’un accord déséquilibré avec Terre-Neuve-et-Labrador, lui permettant de payer une fraction infime des revenus générés par l’électricité produite à la centrale hydroélectrique de Churchill Falls. Cependant, jeudi dernier, les deux provinces ont annoncé un accord préliminaire visant à remplacer cette entente ancienne et controversée par un nouveau contrat qui garantira un revenu nettement plus élevé pour la province atlantique — tout en permettant au Québec de sécuriser un approvisionnement énergétique accru.
Michael Sabia, président et directeur général d’Hydro-Québec, a souligné que cet accord contribuera à répondre à la demande croissante d’énergie propre au Québec. Dans une déclaration à l’émission Power and Politics de CBC, il a déclaré : "Avoir accès à l’électricité à un prix aussi attractif sur une période de 50 ans, et pour une telle quantité, nous aide à sécuriser l’avenir énergétique du Québec."
Évoquant cet accord, le premier ministre du Québec, François Legault, et son homologue de Terre-Neuve, Andrew Furey, ont qualifié le projet de "gagnant-gagnant", après des années de tensions.
Un accord renouvelé
Selon l’accord conclu en 1969, la province atlantique ne percevait que 0,2 cent par kilowattheure, ce qui équivaut à environ 100 millions de dollars par an, selon Hydro-Québec. Dans son dernier rapport annuel, Hydro-Québec indique que le prix moyen de vente pour l’électricité exportée en 2023 était de 10,3 cents par kilowattheure, signifiant un écart de 51 fois entre le prix payé pour l’électricité de Churchill Falls et son prix de vente.
À partir du 1er janvier, le Québec versera un prix moyen de 5,9 cents par kilowattheure, rapportant à Hydro Terre-Neuve-et-Labrador environ un milliard de dollars par an jusqu’en 2041, montant qui pourrait augmenter par la suite. Sabia a affirmé : "Les deux parties peuvent en bénéficier. Terre-Neuve-et-Labrador obtiendra une augmentation significative — et c’est bien mérité — du prix pour Churchill."
Le nouveau contrat prévoit aussi une collaboration entre Hydro-Québec et Hydro Terre-Neuve-et-Labrador pour élargir la centrale actuelle de Churchill Falls et construire une nouvelle installation plus en aval, à Gull Island. Une fois tous les projets finalisés, le Québec aura accès à 7 200 MW sur les cinquante prochaines années, chaque province devant gagner environ 200 milliards de dollars, comme l’ont affirmé Furey et Legault.
Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire en gestion du secteur énergétique à HEC Montréal, a noté que cet accord sera bénéfique pour le Québec dans sa transition vers des énergies renouvelables, précisant que "Hydro-Québec investit beaucoup dans l’énergie éolienne, mais cela soulagera la pression pour développer des projets rapidement."
L’inclusion des Premières Nations
Les discussions avec les communautés autochtones du Labrador et de la Côte-Nord du Québec débuteront immédiatement, maintenant qu’un cadre préliminaire est en place, a indiqué Sabia. Le jeudi précédant l’annonce, la Nation inuite du Labrador a assisté à la signature du mémorandum entre les deux provinces. Le Grand Chef Simon Pokue a déclaré que les premiers ministres ont reconnu les problèmes du passé et il s’est dit confiant quant à la prise en compte de la Nation inuite dans les futurs projets et bénéfices.
Les sites de production nécessiteront également la construction de nouvelles lignes de transmission pour relier Gull Island à La Romaine, un complexe hydroélectrique du Québec, lesquelles traverseront des territoires des Premières Nations. Hydro-Québec s’engage à dialoguer avec les communautés concernées, notamment pour que l’accord définitif soit en place au plus tard le 30 avril 2026. À partir de ce moment, le Québec paiera les nouveaux tarifs pour l’électricité de Churchill Falls rétroactivement au 1er janvier 2025.
Si cet accord est ratifié, il pourrait devenir un modèle de collaboration entre provinces sur des projets d’envergure, une dynamique que le Canada semble parfois manquer.
Points à retenir
L’accord entre le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador représente un tournant majeur dans leurs relations énergétiques, soutenant non seulement le développement économique des deux provinces, mais aussi l’engagement du Québec vers des énergies renouvelables. Cette collaboration pourrait également servir de précédent pour d’autres ententes interprovinciales, facilitant l’inclusion des communautés autochtones, essentielle dans le contexte énergétique actuel. Cela montre l’importance d’une approche collective dans la gestion des ressources naturelles et d’une vision partagée pour l’avenir.
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- Source : https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/hydro-quebec-newfoundland-churchill-deal-1.7409673