Un retournement de situation pour le mouvement indépendantiste au Québec ?
Il y a dix ans, Jean-François Lisée avait prédit un renouveau du mouvement indépendantiste au Québec. En 2015, il avait déclaré : « Cela pourrait renaître dans de bonnes conditions, mais je ne peux pas dire ce qui pourrait le déclencher. » Trois ans plus tard, alors qu’il dirigeait le Parti Québécois, il a perdu son siège et son parti a été réduit à dix députés. La Coalition Avenir Québec (CAQ), menée par François Legault, a alors pris le pouvoir pour la première fois.
L’élection de 2018 a été perçue comme une preuve que le séparatisme n’était plus une question centrale en politique québécoise. La CAQ, un parti nationaliste de droite, a promis de ne pas tenir de référendum et a été gratifiée d’une majorité décisive par les électeurs. François Legault a salué cette tendance, affirmant que de nombreux Québécois avaient mis de côté un débat qui nous divise depuis 50 ans.
À l’approche du 30e anniversaire du deuxième référendum sur l’indépendance du Québec, un changement de dynamique semble possible. François Legault est maintenant très impopulaire après six années au pouvoir, tandis que le Parti Québécois, mené par un jeune et charismatique chef, demeure en tête des sondages depuis plus d’un an. Le PQ promet de tenir un troisième référendum d’ici 2030, mais il reste à voir s’il sera capable de revitaliser un mouvement indépendantiste vieillissant.
Actuellement, les sondages indiquent que le Parti Québécois aurait de bonnes chances de remporter une majorité s’il y avait des élections. Son leader, Paul St-Pierre Plamondon, âgé de 47 ans et diplômé d’Oxford, insuffle une énergie nouvelle à un parti en danger d’extinction. Émile Simard, leader de la jeunesse du PQ, croit que la popularité du parti ravivera l’appétit pour l’indépendance au Québec.
Simard, qui a grandi dans une famille souverainiste, souligne que les raisons d’envisager l’indépendance ont évolué depuis le référendum de 1995, citant le changement climatique comme un facteur déterminant. Il critique le fait que les Québécois contribuent financièrement à la transition énergétique des autres provinces, tout en investissant massivement dans l’Alberta.
Cependant, les sondages indiquent que le soutien à l’indépendance n’a pas augmenté, se maintenant autour de 35 % depuis des années. David Heurtel, analyste politique, souligne que le mouvement indépendantiste ne résonne pas auprès des jeunes, qui considèrent souvent la question comme abstraite.
Simard indique qu’une campagne référendaire pourrait inciter les jeunes à réfléchir plus profondément sur cette question. Il souligne également qu’un nouveau mouvement indépendantiste pourrait ne pas rencontrer une résistance forte de la part des Canadiens. Lorsque la question a été débattue dans le passé, des personnalités politiques jouaient un rôle clé dans le camp du "Non", mais aujourd’hui, ce soutien pourrait faire défaut.
Avec l’ombre d’un gouvernement conservateur fédéral, les perspectives de l’indépendance se compliquent. Le leader conservateur, Pierre Poilievre, adopte une approche plus détachée vis-à-vis des provinces, alors que Trudeau, plus apprécié au Québec, pourrait mobiliser ses partisans en cas de référendum. Eddie Goldenberg, ancien chef de cabinet de Jean Chrétien, a récemment appelé Trudeau à se préparer à défendre le Canada pendant un éventuel référendum sur l’indépendance.
En somme, le Bloc Québécois pourrait devenir l’opposition officielle pour la première fois depuis 1993 lors des prochaines élections fédérales, tandis qu’une victoire du PQ en 2026 pourrait renforcer le mouvement indépendantiste. Toutefois, le PQ pourrait faire face à une concurrence accrue des libéraux provinciaux avec un nouveau chef.
Points à retenir
La situation du mouvement indépendantiste québécois est en pleine évolution. Alors que le Parti Québécois, renforcé par un leadership dynamique, retrouve une certaine popularité, il reste à savoir si cette dynamique peut réellement relancer le désir d’indépendance. Les jeunes générations, qui n’ont jamais voté sur cette question, semblent peu engagées, ce qui pose un enjeu crucial pour l’avenir du mouvement. Une campagne référendaire pourrait obliger ces jeunes à se positionner sur un sujet qui, jusqu’à présent, leur paraît abstrait. Dans ce contexte incertain, la politique québécoise pourrait retrouver un élan significatif autour de la question de l’indépendance, mais cela dépendra fortement des voix et des champs d’appui mobilisés.
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