ST. JOHN’S, T.-N.-L. — Environ 50 personnes se sont rassemblées récemment dans une salle de gym à St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador, lors d’une nuit pluvieuse, cherchant des réponses à un important accord énergétique avec Hydro-Québec, présenté par le gouvernement de la province comme un nouveau chapitre de son histoire.

Un à un, les participants à la réunion publique organisée par le NPD provincial se sont succédés au micro, exprimant leur méfiance quant à la fiabilité de cet accord préliminaire et à la promesse qu’il éviterait les erreurs du passé.

L’assemblée législative s’apprête à se réunir lundi pour débattre de cet arrangement, à peine trois semaines après son annonce. Certains estiment que ce délai est insuffisant pour permettre aux politiciens de l’opposition — et au public — de bien comprendre l’accord et de s’y préparer.

« C’est tellement significatif qu’il faut prendre le temps de bien le faire », a déclaré George Power, recevant des applaudissements de l’assistance.

« Je dis au Premier ministre Andrew Furey, honte à vous d’essayer de faire avancer cela trop rapidement, » a-t-il ajouté. « Et si nous laissons cela se produire, honte à nous. »

Furey a dévoilé l’accord le 12 décembre lors d’une conférence de presse très médiatisée à St. John’s, aux côtés du Premier ministre du Québec, François Legault, qui souriait devant un public de Libéraux acclamant de toute la province.

Le projet d’accord prévoit qu’Hydro-Québec paie un prix plus élevé pour l’énergie qu’il a longtemps achetée à des tarifs dérisoires de la centrale de Churchill Falls, grâce à un contrat signé en 1969. Des plans sont également établis pour qu’Hydro-Québec et Hydro Terre-Neuve-et-Labrador développent d’autres projets hydroélectriques à Terre-Neuve, promettant des milliers d’emplois et des milliards de recettes.

Selon le nouvel accord, Hydro-Québec versera un « prix effectif » d’environ 5,9 cents par kilowattheure pour l’énergie de Churchill Falls — soit environ 30 fois le montant de 0,2 cents qu’il a payé jusqu’à présent, selon les autorités d’Hydro Terre-Neuve-et-Labrador. Ce prix effectif tient compte des montants sur la durée en dollars d’aujourd’hui, affirment ces mêmes autorités.

Cela devrait générer environ 17 milliards de dollars pour le trésor provincial d’ici 2041, soit en moyenne 1 milliard par an, selon les responsables. D’ici 2056, la province devrait recevoir environ 4 milliards par an. Cet argent comprend des dividendes des nouveaux tarifs, ainsi que des taxes sur l’eau et des redevances.

Si le contrat se concrétise comme espéré en 2026, les nouveaux tarifs seront appliqués que les provinces poursuivent ou non les développements supplémentaires, d’après les responsables.

La convention de compréhension a été publiée, mais sa compréhension n’est pas aisée. Certains détails manquent, ce qui pousse le public à tenter de les combler. Les entreprises d’énergie provinciales ont également publié des chiffres différents concernant le projet : Hydro Terre-Neuve-et-Labrador affirme que ses informations reflètent ce qu’Hydro-Québec paiera pour l’énergie de Churchill Falls, tandis que les chiffres d’Hydro-Québec montrent ce que ses clients paieront.

Hydro Terre-Neuve-et-Labrador propose une série de webinaires sur l’accord, mais pas avant la semaine suivant le débat en assemblée législative.

En attendant, le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a lancé une campagne publicitaire pour promouvoir l’accord, mettant en avant des travailleurs en casques de sécurité et des slogans tels que : « Nos emplois. Notre argent. Notre énergie. »

« Nous sommes soumis à une opération de relations publiques sophistiquée, » a déclaré Byron Button, un participant à la réunion publique. Il a exhorté le leader du NPD, Jim Dinn, à collaborer avec les Conservateurs de l’opposition pour poser toutes les questions nécessaires lorsque le débat ouvrira lundi.

« Il nous faudra beaucoup de préparation, monsieur, » a observé Button. « Et vous n’avez pas beaucoup de temps. »

Lors d’un forum virtuel organisé vendredi par les Conservateurs, Kristina Ennis a exprimé son sentiment que le gouvernement cherchait à empêcher le public de comprendre l’accord.

« Ils se contentent de dire : ‘Faites-nous confiance’, » a écrit Ennis dans un commentaire lu par le modérateur.

Dinn et Tony Wakeham, le leader des Conservateurs, ont tous deux appelé à un examen indépendant de l’accord. Cet appel a été soutenu par les participants à leurs réunions publiques, qui ont rappelé le désastreux projet hydroélectrique des Muskrat Falls, qui a enfin été achevé en 2023, mais après des années de retards et de dépassements de coûts. La province a encore des difficultés à en assumer le coût.

Les responsables ont déclaré que plusieurs entreprises indépendantes, y compris J.P. Morgan, avaient conseillé lors des négociations sur le nouvel accord avec Hydro-Québec, et que des représentants étaient prévus pour participer au débat commençant lundi.

Cependant, Dinn a exprimé sa préférence pour entendre un expert qui n’aurait été en rien impliqué dans le processus.

« Si c’est aussi bon que tout le monde le dit, tant mieux, » a-t-il déclaré à la foule jeudi. « J’espère vraiment que cela marque un tournant pour la province. Mais j’ai réellement besoin d’obtenir l’avis d’un regard objectif. »

Cet article est une adaptation d’un rapport publié par The Canadian Press le 5 janvier 2025.

Points à retenir

La réunion publique à St. John’s a illustré les préoccupations croissantes des citoyens quant à la visibilité et la clarté de l’accord entre Hydro-Québec et le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. La méfiance face aux engagements du gouvernement, notamment à la lumière des échecs passés tels que le projet Muskrat Falls, alimente une demande accrue de transparence et d’expertise indépendante. Le besoin de prise de décision informée et réfléchie s’avère crucial, car des choix imprécis pourraient impacter gravement l’avenir énergétique et économique de la province.



  • Source image(s) : www.cp24.com
  • Source : https://www.cp24.com/news/canada/2025/01/05/newfoundland-residents-seek-answers-assurance-as-quebec-energy-deal-heads-for-debate/

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