Le président tchadien Mahamat Idriss Déby a annoncé ce dimanche la fin des accords militaires avec la France, soulignant l’absence de volonté de remplacer cette alliance par une autre. Cette décision constitue un tournant stratégique pour le Tchad, qui demeure la dernière bastion des forces françaises dans la zone du Sahel, où l’influence de Moscou ne cesse de croître.
Une décision souveraine
Dans une déclaration publique, le chef d’État a clarifié que cette rupture ne remet pas en question les relations diplomatiques avec la France ni la coopération internationale. « Ce n’est pas un rejet de la coopération internationale ni un changement de maître », a-t-il précisé, citant la souveraineté nationale comme principal motif de cette décision. Le président tchadien a également assuré que cette mesure a été soigneusement considérée.
L’annonce a été faite jeudi via un communiqué du ministère des Affaires étrangères tchadien sur Facebook, surprenant ainsi Paris. La France a depuis réagi en indiquant qu’elle prenait acte de cette décision. Ces accords, en vigueur depuis l’indépendance du Tchad, permettaient à la France de déployer environ 1 000 soldats sur trois bases militaires dans le pays.
Le général Déby a qualifié les accords de coopération militaire avec la France de « totalement obsolètes » et inadaptés aux défis géopolitiques actuels, y compris les attentats terroristes au Tchad. « Cette coopération militaire sera réorientée vers d’autres domaines qui ont un impact plus direct sur la population », a-t-il ajouté.
La cérémonie célébrant le 34e anniversaire de la démocratie au Tchad a servi de cadre à cette première déclaration officielle depuis l’annonce de la suspension des accords. Ce divorce a été symboliquement proclamé le 28 novembre, jour anniversaire de la proclamation de la République du Tchad en 1958.
Cette décision intervient alors que, entre 2022 et 2023, la France a dû retirer ses troupes de pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, où les juntes militaires ont choisi de se rapprocher de la Russie. Le Sénégal pourrait également suivre ce mouvement, son président Bassirou Diomaye Faye ayant récemment annoncé la fermeture imminente des bases françaises dans le pays.
Selon le Quai d’Orsay, Paris envisage une reconfiguration globale de sa présence militaire en Afrique, qui tend vers des partenariats bilatéraux plutôt que des déploiements massifs.
Prochaines étapes : mise en œuvre
D’après les conditions contractuelles, chaque partie doit notifier l’autre par écrit six mois avant l’entrée en vigueur de la résiliation. Ainsi, le gouvernement tchadien devra engager des discussions avec la partie française pour organiser ce retrait progressif.
Pour Mahamat Idriss Déby, cette décision s’inscrit dans un contexte politique délicat. Élu en mai dernier après une période de transition de trois ans, il hérite d’un pays soumis à des menaces constantes de la part de rebelles. Son père, l’ancien président Idriss Déby, avait bénéficié deux fois, en 2008 et 2019, du soutien militaire français pour repousser des offensives. Désormais, le Tchad semble déterminé à affirmer son indépendance stratégique tout en souhaitant conserver un rôle actif dans la sécurité régionale.
Ce repositionnement marque un tournant significatif dans les relations franco-tchadiennes et plus généralement dans la présence militaire française en Afrique.
Points à retenir
La décision de Mahamat Idriss Déby de mettre fin aux accords militaires avec la France illustre une volonté de réaffirmer la souveraineté du Tchad face à un paysage géopolitique en mutation. Alors que la France reconfigure sa présence militaire sur le continent africain, cette annonce pourrait signaler une évolution des relations entre l’Afrique et l’ancienne puissance coloniale. Dans ce contexte, l’affirmation du Tchad en tant qu’acteur autonome sur la scène internationale soulève des interrogations sur l’avenir des partenariats militaires traditionnels en Afrique et sur les nouvelles alliances qui pourraient en émerger.
- Source image(s) : www.entrevue.fr
- Source : https://www.entrevue.fr/de/le-tchad-met-officiellement-fin-aux-accords-militaires-avec-la-france-sans-envisager-de-remplacement/