Il semble qu’il se produise quelque chose de magique lorsque deux réalisateurs français adaptent les classiques de leur pays. Une sorte d’alchimie nationaliste s’opère. Peut-être que leur désir de rendre hommage à l’œuvre de leur compatriote et de saisir l’essence d’un chef-d’œuvre littéraire les pousse à élever leur art cinématographique à de nouveaux sommets. Ou peut-être est-ce simplement le fruit d’une heureuse sérendipité qui a conduit les scénaristes et réalisateurs Alexandre de La Patelliere et Matthieu Delaporte à réaliser la meilleure adaptation de Le Comte de Monte-Cristo jamais vue sur grand écran. Le film sort en salles ce vendredi.

Basé sur le roman d’Alexandre Dumas, publié en feuilletons entre 1844 et 1846, le film raconte l’histoire d’Edmond Dantes, qui est faussement emprisonné le jour de son mariage pour des crimes qu’il n’a pas commis, par trois conspirateurs ayant leurs propres intérêts à voir Dantes disparaître. Pendant son exil dans la prison, Dantes fait la rencontre d’un autre prisonnier qui a passé des années à essayer de s’évader du Château d’If, une version XIXe siècle d’Alcatraz, située au large de Marseille.

Les deux hommes unissent leurs forces pour creuser un tunnel vers le mur côtier de la prison. Les années passent alors que Dantes creuse et rêve de se venger de ses trois traîtres : son prétendu meilleur ami, un capitaine de marine rival et le procureur corrompu qui a orchestré son emprisonnement injuste. Il émergera de sa captivité sous une nouvelle identité et avec les moyens de détruire ceux qui l’ont empêché de vivre aux côtés de son âme sœur, Mercedes. L’assassinat ne fait pas partie de ses desseins. Ses tortionnaires devront vivre uniquement pour souffrir de ses mains.

Alexandre de La Patelliere et Matthieu Delaporte donnent vie à cette histoire épique de manière éblouissante sur grand écran. De la scène d’ouverture en haute mer avec un navire marchand français en flammes, à une chasse au cerf dans un domaine aristocratique, en passant par un duel au pistolet à l’aube, les réalisateurs capturent l’ampleur et la grandeur de l’œuvre de Dumas. Comme dans toute adaptation, ils rationalisent le récit et condensent l’intrigue, mais cela n’impacte en rien la qualité. (Le roman original dépasse les 1000 pages dans sa version intégrale.)

Le casting est parfaitement choisi, et chacun connaît son rôle. Dans une mélodrame telle que celle-ci, il est possible de donner des performances grandioses, mais le film n’atteint jamais le registre du camp. Pierre Niney, également brillant dans le film de François Ozon, Frantz, porte le film dans le rôle d’Edmond Dantes, son enthousiasme juvénile cédant progressivement la place à un désir implacable de vengeance. À la fin du film, on oublie presque le jeune homme insouciant présenté au début. Niney a une réelle alchimie avec sa partenaire à l’écran, Mercedes Herrara (l’actrice française Anaïs Demoustier), apportant une intimité touchante à cette épopée surdimensionnée, permettant aux spectateurs de s’investir émotionnellement dans leurs personnages.

Alexandre de La Patelliere et Matthieu Delaporte possèdent un sens grandiose du style visuel qui sied à l’ampleur de l’histoire déployée à l’écran. Des plans-séquences à travers de vastes manoirs, des prises de vue majestueuses lors de la chasse au cerf, et l’eau léchant l’objectif alors qu’une galère française sombre lentement dans l’océan, impliquent le public dans l’univers européen du XIXe siècle du film. Il est indéniable que certaines images sont le fruit d’une magie numérique en post-production, mais leur simplicité relève d’un travail remarquable du directeur de la photographie Nicolas Bolduc et des monteuses Célia Lafitedupont et Sarah Ternat. La séquence de la chasse au cerf (bien que brève) est époustouflante, avec des prises de vue aériennes si organiques qu’elles évoquent les hélicoptères des années 1970.

En 2023, les deux réalisateurs ont signé une adaptation en deux parties de Les Trois Mousquetaires de Dumas. (Les deux parties sont actuellement diffusées sur HULU.) Ainsi, il n’est pas surprenant que la véritable force de Le Comte de Monte-Cristo soit son scénario. Comme pour l’ensemble du film, c’est grand sans souffrir de prétention. Les dialogues semblent provenir d’une autre époque sans être désagréables. Ils préservent une histoire âgée de plus de quatre-vingts ans tout en la rendant aussi captivante que n’importe quel scénario moderne.

Je place de La Patelliere et Delaporte sur ma liste de réalisateurs à suivre avec attention. J’attends avec impatience leurs prochains projets. Le Masque de fer, peut-être ? Allez les gars, c’est là, à portée de main. Cette histoire mérite également une version définitive sous vos mains.

Points à retenir

Le film Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Alexandre de La Patelliere et Matthieu Delaporte, réinvente avec brio un classique de la littérature française. L’intrigue, consolidée avec efficacité, aborde des thèmes universels tels que la trahison, la loyauté et la vengeance, tout en respectant l’essence du roman d’Alexandre Dumas. La performance de Pierre Niney, associée à une mise en scène visuellement saisissante, confère une profondeur émotionnelle à l’ensemble. À cet égard, cette adaptation prouve que le cinéma peut faire renaître des récits intemporels tout en les rendant accessibles à de nouvelles générations. L’avenir de ces réalisateurs s’annonce prometteur, et il sera intéressant de voir comment ils continueront à redéfinir les classiques littéraires pour le grand écran.



  • Source image(s) : www.forbes.com
  • Source : https://www.forbes.com/sites/scottphillips/2024/12/31/the-count-of-monte-cristo-is-a-rollicking-film-adventure/

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